Manager de transition, un métier en plein essor
Transformation d’un modèle d’entreprise, remplacement en urgence d’un cadre ou d’un dirigeant, redressement… Après une croissance exceptionnelle de 39% en 2022, le marché du management de transition reste en hausse de 13% en 2023. Tour d’horizon de ce métier en plein essor en compagnie de Benoît Durand-Tisnès, le Président de France Transition, la fédération des acteurs du secteur.
En quoi consiste le métier de manager de transition et à qui s’adresse-t-il ?
Il est généralement exercé par des cadres confirmés ou d’anciens dirigeants seniors, qui interviennent de manière opérationnelle et sur un temps donné auprès d’entreprises qui pèsent au minimum 80 à 100 M€ de chiffre d’affaires. Ils interviennent le plus souvent en urgence afin d’apporter une solution immédiate, la plupart du temps dans le cadre d’un projet de transformation ou d’un remplacement. Les interventions dans le cadre d’un redressement ne représentent que 8% des missions. L’industrie regroupe aux alentours de 50% de la demande, les services près de 30% et le commerce environ 20%.
Comment expliquez-vous l’explosion récente de la demande dans ce domaine ?
Le marché a plus que doublé depuis 2020, et devrait atteindre le milliard d’euros d’ici 2025. C’est essentiellement dû à deux facteurs. Le premier, c’est qu’externaliser ce genre de compétences en se faisant accompagner par un dirigeant surdimensionné rentre de plus en plus dans les mœurs en France, alors que c’est un réflexe depuis longtemps aux Pays-Bas, en Allemagne ou encore au Royaume-Uni. Et en accélérant les besoins de transformation des entreprises, les crises successives que nous avons récemment traversées n’ont fait qu’accélérer ce processus. Le second facteur, c’est que de plus en plus de dirigeants seniors se font quitter par leur entreprise et cherchent une seconde partie de carrière qui leur permette de transmettre leur savoir et de contribuer à de nouvelles aventures entrepreneuriales.
Quels types de missions peuvent leur être confiées ?
Il s’agit généralement de projets offensifs comme la mise en place d’un nouvel ERP, d’une nouvelle organisation, ou encore un développement à l’international… Ou d’opérations défensives comme un projet de redressement, une refonte de processus, ou encore des problématiques de recrutement. Car faire appel à un manager de transition est aussi un bon moyen de trouver un remplaçant au pied levé le temps de trouver le bon profil à recruter en CDI. Les missions durent généralement sept à neuf mois, et coûtent 30 à 40% de plus qu’un poste équivalent à temps plein. C’est certes un coût supplémentaire, mais qui permet d’avoir la garantie d’une prise en main opérationnelle immédiate et d’une grande flexibilité.
Comment les recrutez-vous ?
Avec l’explosion du marché, les cabinets de management de transition reçoivent énormément de candidatures. On voit souvent passer des profils aux formations similaires, mais les expériences opérationnelles sont très diversifiées. La vraie différenciation se joue sur le plan des soft skills, sur la capacité d’adaptation et sur le courage managérial. Les profils que nous recrutons sont véritablement passés d’une logique de statut à une logique de contribution, avec une réelle envie de transmettre leur expérience ou de contribuer activement à redresser une situation.
Vous trouverez ci-dessous l’article d’origine téléchargeable :
Interview Benoit Durand-Tisnès par Jean-Marc le Droff, pour Le Télégramme (212 téléchargements )